l’inhumaine nuit des nuits

L’histoire

Peur sur la ville, peur dans la nuit : à Toulouse, une série de meurtres non élucidés met les réseaux de prostitution clandestins à feu et à sang. Les victimes sont des prostituées en situation irrégulière. Proies idéales pour un détraqué.
Face à l’opacité des réseaux et à la puissance de leurs ramifications à travers l’Europe, le flic en charge de l’enquête n’a d’autre issue que de plonger dans l’inhumaine nuit des nuits. Celle où ne règnent que les tueurs, les trafiquants de chair humaine et les filles paumées que l’effondrement du communisme et l’ouverture des frontières ont transformées en marchandises.
Seule lumière dans ce labyrinthe : une ex-prostituée et une victime rescapée qui permettront peut-être à l’enquêteur de remonter cette piste mortelle.

Le mot de l’auteur

« Il est difficile de parler d’un roman à suspense sans gâcher le plaisir des lecteurs. Comme il est difficile de le faire entrer dans une catégorie. Plus qu’un thriller ou qu’un polar, pour moi, L’inhumaine nuit des nuits est un roman noir. En tout cas, à ce jour, le plus noir de tous mes livres. Le plus humain, aussi, malgré son titre. Le plus chargé en humanité, dans ce qu’elle a de beau et de haïssable.
L’idée de cet ouvrage m’est venue de l’actualité, de ces articles de presse qui mettent la lumière sur les tragédies de notre temps, soulèvent un instant notre émotion, notre indignation, et que le cours de la vie nous fait oublier aussi vite. Je me suis documenté, j’ai fouillé, j’ai fouiné, et par la fiction, le romanesque, l’intimité que le roman tisse au fil des pages entre les personnages et les lecteurs, j’aspire à raviver cette émotion, cette indignation, et, si possible, à les rendre indélébiles. »


Mikaël Ollivier

La presse en parle

Le Dauphiné Libéré – 6 décembre 2004

Par une de ces nuits limpides et étoilées comme il ne les aime guère, Luc, prof de collège, prend en charge une jeune femme amnésique qui a heurté accidentellement le capot de sa voiture. Elle croit s’appeler Nina.
De son côté, le lieutenant Guy Cassagne est sur la trace de jeunes prostituées des Pays de l’Est dont on vient de découvrir les cadavres mutilés dans des chantiers de l’agglomération de Toulouse.
On sait immédiatement que ces deux affaires sont appelées à converger et que Nina possède un lourd passé qu’attestent les brûlures de cigarettes et les coupures récentes qui lui zèbrent le corps. Nina que ses « propriétaires », fous de rages, recherchent coûte que coûte…
La trame de cet excellent polar suit, somme toute, le cheminement d’une enquête classique qui s’entremêle dans plusieurs récits. L’intérêt est ailleurs, dans l’écriture très personnelle de l’auteur qui s’attache avant tout à la vérité de ses personnages. Une vérité si criante qu’elle confine à l’épouvante quand Nina retrouve la mémoire et relate son parcours d’esclave de la prostitution.
Curieux mélange de poésie au quotidien et d’hyperréalisme narratif, cette « inhumaine nuit des nuits » (citation d’Eluard) est une superbe histoire d’amours impossibles.
Mikaël Ollivier est également l’auteur de Trois souris aveugles, cyberthriller sur les dérives de l’Internet, qui a reçu le prix polar 2003 et est disponible en Livre de Poche.
Michel Bellator

RTL – 15 juin 2005
Laissez-vous tenter – Bernard Lehut


extrait

Chapitre 1
[…]
La nuit était limpide, très étoilée. Beaucoup trop pour moi. De ces nuits qui me rendent si petit. J’étais soudain très pressé de rentrer et je roulais trop vite.
Elle est sortie de nulle part, d’un coup, comme une apparition. J’ai pilé, tout le poids de mon corps sur la pédale de frein. J’ai vraiment eu l’impression d’un animal sauvage aveuglé par la lumière des phares. Mon pare-chocs s’est immobilisé à quelques centimètres de ses jambes blanches et nues, et ma poitrine m’élançait si fort que j’ai eu peur, un quart de seconde, de retrouver mon cœur palpitant sur le tableau de bord.
J’ai alors croisé furtivement son regard. Elle ne devait pas me voir, dans le noir de l’habitacle, et ses yeux étaient perdus. Dans ma peur, dans ma stupeur, j’ai eu le temps de me dire que cette jeune femme était très belle, puis, au même instant, qu’elle était terrorisée et que je devais l’aider.
J’ai pris une bonne inspiration pour tenter de retrouver un peu de calme et suis sorti de la voiture. Il faisait froid et elle ne portait presque rien. Une robe courte, très sexy, beaucoup trop pour ce plein hiver. J’ai enlevé mon blouson et me suis approché doucement. J’avais l’impression d’être un dompteur et que le moindre geste un peu brusque la ferait bondir hors de la route et disparaître dans les bois.
– Ça va ? j’ai demandé en m’approchant lentement.
Elle m’a regardé bizarrement, comme si elle ne comprenait pas ce que je disais.
– Vous allez bien ?
Elle tremblait. Pas que de froid. Je me suis approché et lui ai posé mon blouson sur les épaules, emprisonnant le bas de ses cheveux mi-longs. Elle a aussitôt fondu en larmes. Après quelques secondes d’hésitation, je l’ai serré dans mes bras, très embarrassé. Elle pleurait comme une enfant égarée. Inconsolable.
Transi de froid sans mon blouson, je l’ai lentement guidée vers le côté passager de ma voiture.
Une fois assis à ses côtés, j’ai remis le contact et le chauffage à fond. Je me suis tourné vers elle et j’ai vu qu’elle serrait un téléphone portable dans sa main. En remontant vers son visage, mon regard a deviné au passage, malgré la pénombre, une vilaine marque autour de son cou. Un large hématome. Puis nous nous sommes regardés en face pendant un court moment. Elle avait des yeux très clairs, perçants, terribles. Je pouvais y lire une peur infinie autant qu’une menace redoutable. Tel un flash, le cœur piquant un sprint, j’ai eu la prémonition d’un grand bouleversement. Quelque chose était né en moi à cet instant précis, qui ne devait plus jamais me quitter.
J’ai détourné les yeux le premier, comme à bout de forces.
– Bon, j’ai commencé d’une voix mal assurée, je vais vous ramener chez vous ! Vous me guidez ?… Comment vous appelez-vous, au fait ? Moi, c’est Luc.
Elle m’a regardé en fronçant les sourcils. J’ai répété :
– Votre nom ? Quel est votre nom ?
J’ai enfin entendu le son de sa voix, teintée de ce fort accent étranger, roulant et ascendant que, depuis, j’ai appris à aimer :
– Je ne sais pas.
Reproduit avec l’aimable autorisation des éditions Albin Michel © Albin Michel – toute reproduction interdite.

Éditions Albin Michel

Parution : octobre 2004
Collection : Spécial Suspense
17,50 euros – 261 pages
ISBN : 978-2253116677