la vie, en gros

L’histoire

Difficile de maigrir quand on adore manger et que l’on rêve d’ouvrir, plus tard, un restaurant. Pourtant, pour Benjamin, quinze ans, le diagnostic de l’infirmière est clair : obésité de « catégorie 2 ». Des mots bien sérieux pour décrire ce qui, jusque là, semblait simplement le signe extérieur d’une certaine joie de vivre. Sport, boums, cabines d’essayage, piscine, régime… rien n’est simple quand on est gros et que l’on redoute le regard des autres. Et si en plus l’amour s’en mêle.

Le mot de l’auteur

« Depuis sa sortie, ce livre ne m’apporte que du bonheur : succès en librairie, nombreux prix littéraires, courrier de lecteurs enthousiastes, adaptation pour la télé… Et puis j’ai rencontré autour de ce roman des centaines et des centaines de jeunes dans les collèges de métropole et d’outre-mer. Des échanges dont je suis sorti avec une envie d’écrire décuplée. »

Mikaël Ollivier


prix littéraires

« La vie, en gros » a été récompensé par 18 prix littéraires :
En 2002 : Prix des Incorruptibles – Prix Luciole – Prix l’été du livre à Metz – 1er Prix des collégiens de la ville de Vannes – Prix Ruralivres dans le Nord – Prix Ruralivres en Pas de Calais – Prix Henri Martin du Festi’ livres – Prix des Lecteurs de la ville du Mans- Prix des Collèges de la ville de Martigues – Prix Farniente 2002-2003 (Belgique) – Prix du Festival du livre de Cherbourg.
En 2003 : Prix Hibou (Allemagne) – Prix littéraire du Bessin Bocage – Prix des collégiens de Haute-Savoie – Prix du livre jeunesse de Lavelanet.
En 2004 : Prix Collèges 82 de Montauban.
En 2006 : Prix AdOpale 2005/2006, attribué par les collégiens et les lycéens du Pas-de-Calais.
En 2008 : Prix Silure 2008 (Mâcon).

La presse en parle

Je Bouquine – septembre 2001

La Provence – mai 2002


extrait

Chez le Dr Dubosc, la balance aussi était moderne, très design, comme ils disent dans les magazines. N’empêche qu’elle affichait 93 kilos 300 grammes et que ça m’a fichu les boules. On ne devrait jamais voir de docteur après les vacances de Noël.
– Alors… Ben… Raconte-moi un peu ce que tu manges…
– Euh… j’ai répondu, super à l’aise.
– Qu’est-ce que tu aimes ?
– Ben tout! Ou à peu près… Maman s’est lancée dans une longue tirade de mère typique, et qui m’a mis la honte. Quand il a pu en placer une, le docteur m’a demandé:
– Alors, d’après toi, qu’est-ce que tu manges qui pourrait te faire grossir ?
J’ai hésité et puis j’ai dit :
– Rien de spécial ! Je mange comme tout le monde, c’est juste que mon métabolisme assimile plus les graisses et ne brûle pas assez de calories. Le docteur a souri. J’avais lu cette histoire de métabolisme dans la brochure que l’infirmière du collège m’avait donnée à la fin de la visite médicale.
– D’accord. C’est vrai… On ne réagit pas tous de la même manière aux aliments, mais bon, ça n’explique pas tout… Est-ce que tu bois des sodas ?
– Euh… Oui ! Du Coca.
– Est-ce que tu manges des gâteaux…
– Des fois…
– Tu aimes les plats en sauce ?
Je n’ai pas répondu parce qu’il commençait à m’énerver avec ses questions. Je voyais très bien où il voulait en venir, comme si je ne savais pas déjà depuis longtemps que tout ce qui est bon est justement ce qui est  » mauvais  » pour moi. On n’a jamais vu un docteur vous interdire les choux de Bruxelles, par exemple.
– Est-ce que tu reprends plusieurs fois d’un plat ?… Est-ce que tu manges entre les repas ?…
J’aurais pu continuer la liste à sa place: le pain beurré, le chocolat, le beurre avec le fromage, la crème fraîche sur la tarte Tatin, le ketchup dans les pâtes, le pain dans la sauce, la mayonnaise avec les frites, la glace vautré sur le canapé en regardant une vidéo, les éclairs au chocolat en sortant du bahut, la charcuterie, etc. Tout ce qui faisait que ça valait le coup de sortir de son lit le matin, quoi!
– Il y a des règles d’hygiène alimentaire qui sont faciles à suivre au quotidien…
Faciles à suivre ? Pour qui ? Pour celui qui est tout maigre et qui doit manger un bol de riz blanc les jours de fête?
Même s’il m’agaçait copieusement, j’ai tout de même écouté la longue énumération de ces fameuses règles, puisque j’étais là pour ça et que j’étais bien décidé à maigrir. Il me suffisait de visualiser la silhouette de Claire à la piscine pour me souvenir que ça valait vraiment la peine.
Enfin, le docteur a donné à maman une feuille sur laquelle étaient écrits les secrets d’un régime sans carences alimentaires.
– Il ne faut pas oublier que Ben est en pleine croissance… Il ne s’agit pas de faire n’importe quoi…
Puis il s’est tourné vers moi et a dit:
– Je te propose un truc qui marche très bien en général… Tu t’achètes un carnet sur lequel tu notes chaque jour tout ce que tu manges. Tout, vraiment, même entre les repas, même les boissons … On regardera ça ensemble à ta prochaine visite … Bon, maintenant, allonge-toi là, on va commencer la séance.
Je ne savais pas très bien ce qu’il voulait dire par séance, mais je me suis soudain rappelé ce que j’avais lu sur la plaque de l’entrée de l’immeuble quand il s’est avancé vers moi avec un panier plein de toutes petites aiguilles : acuponcteur.
– Avec les aiguilles, je vais stimuler les lignes de force de ton corps pour t’aider dans ton régime. C’est très efficace.
Ça faisait surtout un mal de chien, même quand j’essayais de me détendre, comme il me le disait, et que je respirais un bon coup à chaque fois qu’il me transperçait la peau. En dix minutes, je me suis retrouvé comme un hérisson, n’osant plus faire un geste de peur d’enfoncer définitivement les aiguilles. Certaines donnaient l’impression de m’envoyer des petites ondes de chaleur, surtout les quatre qu’il avait plantées en ligne dans mon ventre et celles qui étaient piquées sur le dessus de mes deux quatrièmes doigts de pieds.
– Voilà ! il a dit en tirant sur moi une couverture de survie argentée et dorée. Détends-toi, je reviens dans une vingtaine de minutes.
Et il est sorti pour s’occuper d’un autre patient dans une pièce voisine. Me détendre ! Facile à dire quand on n’a pas une bonne trentaine d’aiguilles plantées de la tête aux pieds.
Reproduit avec l’aimable autorisation des éditions Thierry Magnier © Editions Thierry Magnier – toute reproduction interdite.

Éditions Thierry Magnier

Parution : mars 2001
Collection : Romans
8,00 euros – 157 pages
Niveau de lecture : collège
ISBN : 978-10-35202347

Autres éditions